Minggu, 26 Februari 2012

AC Milan Tutta la Stagione 1988 1989

  Juillet 1974 : Ruud Gullit et Frank Rijkaard, 11 ans, sont retournés jouer au ballon dans les rues du Jordaan avec les autres mômes de ce quartier du cœur d'Amsterdam. Marco Van Basten, 9 ans, est rentré d'Italie où il passait ses vacances avec papa et maman. Trois gamins tristes et déçus, comme tous les Hollandais en ces lendemains de finale de Coupe du Monde perdue injustement. Mais la vie continue : l'école, un peu, et le football, beaucoup, toujours. La passion. « J'ai longtemps vécu de pain et de ballon » dit Rijkaard. Les premiers pas et, bientôt, les premières émotions. Avec Feyenoord puis le PSV Eindhoven pour Gullit : avec l'Ajax pour Rijkaard et Van Basten. Et puis, l'exil. Ruud et Marco partent pour l'Italie, parce qu'ils sont forts, très forts et parce que c'est en Italie que s'en vont jouer les meilleurs, Silvio Berlusconi, le président du Milan AC a du flair et de l'argent. Il se paye Gullit et Van Basten et prend une option sur Rijkaard, qui les rejoindra un an plus tard. Joli calcul. Juin 1988 : le triomphe des Pays-Bas au Championnat d'Europe chasse les vieux fantômes orange, « C'est le fruit d'un long travail et d'une grande patience. Mais il faut arrêter de comparer deux générations différentes. » 

 Ruud Gullit n'a pas le culte de la légende. Après une longue pénitence, le football hollandais salue ses nouveaux héros et redécouvre la gloire, «La gloire, c'est une notion abstraite, disent en chœur Gullit et Rijkaard. Ce n'est pas un sentiment gué l'on peut éprouver, donc ce n 'est pas important. Ce gui est important, c 'est d'être soi-même, de rester simple. » Alors, bon, on reste simple et on se marre un bon coup. On rigole du gros nez de Ruud ou de la coupe de cheveux de Marco, on découvre l'humour batave. « C'est un humour spécial, on rit de tout, on observe les gens, mais on ne se moque jamais. C'est gentillet, quoi... » Frank Rijkaard est détendu. II & retrouvé Ruud, son copain d'enfance, et Marco. « J'ai choisi le Milan AC car c'est un très grand club, parfaitement organisé. Et puis, cela me permettait de retrouver ces deux-là (rires et gestes à l'appui), de découvrir un autre pays, une autre culture, un football différent. Ici. il y a plus de pression, d'enthousiasme. Le niveau est plus élevé qu'aux Pays-Bas, les valeurs plus nivelées. » Le football italien est aussi en pleine mutation. Oubliés le «Catenaccio» et le réalisme sordide: place à la fantaisie et au spectacle. 

 Un monde fait pour des types comme Gullit, Rijkaard et Van Basten, trois stars, trois personnalités différentes, trois garçons qui refu, sent - ou font merveilleusement semblant - de se prendre au sérieux, «Nous sommes des hommes heureux. » Bien, très bien, les Italiens aiment les gens heureux. Ils aiment les gars comme Ruud, son charisme, son look. Ils l'écoutent parler de Mandela, de l'apartheid, de la drogue: ils l'écoutent jouer de la basse avec ses potes du groupe « Révélation Times » : ils le boivent des yeux le dimanche lorsque, sur le terrain, il fait son show, «Je ne suis pas un joueur gui fait le spectacle, je suis un joueur intuitif. Je ne me dis pas, tiens, là, je vais faire ceci ou cela, je joue à l'instinct. Je pense gué le footballeur est plus instinctif qu'intelligent » Les Italiens aiment aussi les types comme Van Basten. Parce que c'est un battant. La saison dernière, une opération de la cheville l'a éloigné des terrains pendant cinq mois. Une éternité. Mais il a bossé, sans relâche, sans jamais douter. Il est revenu, il a marqué des buts et il a remporté le titre avec le Milan AC. Il est ensuite parti pour l'Euro, « Pour m'entraîner », disait-il. Bosman, en effet, lui bouchait l'horizon. Mais Marco a encore bossé, gagné sa place et marqué cinq buts décisifs. «Ce qui me fait aller de l'avant, ne jamais renoncer, c 'est l'amour de mon métier et une immense volonté. Je sais qu'entre le succès et l'échec, la marge est minime. « «La vie est faite d'émotions, mais le soleil n'y brille pas toujours», enchaîne Rijkaard. 

La maxime fait pouffer Gullit qui s'incline devant son ami. Frank Rijkaard. les Italiens apprendront à l'aimer aussi, à apprécier son air nonchalant et désinvolte, son caractère discret et effacé. Comme Van Basten, il a connu quelques problèmes la saison passée: le divorce avec Cruijff et l'Ajax, l'errance au Portugal puis en Espagne, le doute. «Je ne tiens pas à revenir sur le passé. Il y a des moments durs qu'il convient de surmonter. J'ai appris à me battre. Aujourd'hui, je revis normalement, je rejoue au football et c'est l'essentiel. » Frank rejoue. Stoppeur en équipe nationale et milieu défensif au Milan A.C. «J'aime bien les deux postes. De toutes façons, je suis au service de la collectivité et j'applique les consignes. Je suis un footballeur comme les autres, chargé de faire son travail. Je le fais comme on me le demande et du mieux que je peux. » On dit pourtant qu'il fuit les reponsabilités, qu'il répugne à se comporter en « leader ». «C'est faux J'estime que dans une équipe, chaque joueur a ses propres responsabilités. Sur un terrain, il y a onze leaders. Mais si certaines personnes pensent que je vaux mieux que cela, c'est leur problème. Moi, je me sens bien comme ça. » Ruud et Marco sont d'accord. Entre les trois amis, l'entente est parfaite, sur le terrain comme dans la vie. 

 Trois amis qui s'apprêtent à vivre une saison importante : le championnat et le titre à défendre, la Coupe des Champions que Berlusconi rêve de remporter et, avec la sélection nationale, un autre titre à confirmer et le chemin du Mondiale 1990 à s'ouvrir. Cette année, Ruud, Frank et Marco se retrouvent dans une situation délicate : que ce soit avec le Milan AC ou les Pays-Bas, ils joueront toujours dans « l'équipe à battre ». « Il faut essayer de ne plus penser au football une fois le match terminé, chercher à s'isoler mentalement. C'est le seul moyen de rester soi-même» explique Gullit. Ainsi, entre le rouge et le noir milanais et l'orange néerlandais, Gullit, Rijkaard et Van Basten vont devoir conjuguer au mieux les deux temps de leur existence de footballeur. «Je pense tout de même que le Milan AC est plus fort que les Pays-Bas, du moins en ce moment, car nous avons l'habitude de jouer ensemble et les automatismes sont parfaitement au point» estime Van Basten. Quant aux sensations, elles sont les mêmes : «Le scudetto avec le Milan AC et le titre de Champion d'Europe avec la sélection m'ont procuré le même grand plaisir » avoue Ruud. Et d'ajouter: 'Ici, c'est un autre monde. Rien de comparable avec la Hollande. 

 En Italie, on vit le football d'une manière particulière, du dimanche au dimanche suivant. Et c 'est dans cette pression de tous les instants, dans cette passion et cet enthousiasme constants que nous, joueurs, cherchons et trouvons notre motivation. » Dans « l'univers impitoyable » du Calcio, où tant de présumées «stars» ont échoué, Ruud Gullit est adoré, vénéré, craint, respecté. Marco Van Basten, .par sa volonté, ses buts, a également suscité l'admiration. Les deux ont offert au Milan AC un titre attendu depuis onze ans. Frank Rij-kaard les a rejoints. Ensemble, ils on lavé l'affront de 74 et conquis le Championnat d'Europe des Nations. Les deux mômes du Jordaan et le frêle gamin d'Utrecht ont grandi. Aujourd'hui, ils ont déjà beaucoup de souvenirs, mais aussi d'autres échéances. Pour le «Milan hollandais » et pour la « Hollande milanaise », ocotbre est déjà là : championnat, Coupe d'Europe, Coupe du monde, avec, dès le 19, un nouveau rendez-vous avec la R.F.A., à Munich. «En Italie, nous avons appris à nous surpasser pour toujours rester au sommet. » Conclusion unanime du « trio magique », symbole du renouveau du football hollandais. L'avenir est à eux.





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